
Stage : création de personnages à partir d'expressions de la langue parlée

En italien comme dans beaucoup d’autres langues, il existe des expressions de la langue parlée qui ont une efficacité métaphorique singulière pour exprimer les états d’âme, les émotions et les sentiments humains. Par exemple : mettre son nez partout, avoir des semelles de plomb, être sur des charbons ardents, avoir la tête lourde, avoir la tête dans les nuages, avoir un poids sur le cœur...
Il y a beaucoup de façons de construire un personnage : la méthode de l’identification psychologique (Stanislavski), la méthode des actions concrètes (toujours Stanislavski), la méthode des animaux (qui reconnait en chaque homme les caractéristiques d’un animal), etc... A tout ceci s’ajoute la méthode des Centres Idiomatiques Imaginaires.
Chaque
personnage a son centre. C’est le centre de l’énergie du personnage mais
aussi le point à partir duquel démarrent n’importe quel mouvement du
corps et même n’importe quelle expression de la voix. Les expressions
idiomatiques expriment avec force et clarté ce centre.
Le processus passe par la recherche du centre donné et de son expression. D’abord au travers d’une posture ou d’un mouvement exagéré que nous appelons " grand ". Puis, une fois que l’acteur a testé ce mouvement ou cette posture, il essaie de lui trouver un aspect plus simple que nous appelons " petit ". Enfin, et ceci est le moment de la véritable création du personnage, l'acteur transforme l’énergie et les caractéristiques du mouvement ou de la posture afin de les intérioriser. Vient ensuite une improvisation collective avec les personnages créés.
Compte-rendu du stage
Ils sont douze ce vendredi et ce samedi 20 et 21 novembre 2015, à travailler au Petit Théâtre de Grenoble avec Marco Pernich, directeur du Studio Novecento, et Stefania Lo Russo, comédienne. Ils sont réunis pour un stage de deux jours sur les Centres Idiomatiques imaginaires, en langage plus simple, la création de personnages à partir d’expressions de la langue parlée. Après un échauffement qui fait appel aux exercices en pratique dans les écoles de théâtre et conduits d’une main de maître par les deux intervenants, Marco Pernich propose la première expression " mettre son nez partout ".
C’est le nez qui donne le mouvement, dit-il. Il propose trois étapes. Durant la première, l’interprétation est très jouée, exagérée même. Durant la deuxième, elle est plus contrôlée en termes de gestuelle. Dans la troisième, elle est intériorisée. Le comportement y est quasi normal mais le nez conduit tous les déplacements ainsi que les expressions du visage... Le résultat est saisissant ! Les personnages sont là, criants de vérité. Viennent ensuite les expressions : avoir des semelles de plomb, avoir peur de son ombre, raser les murs, avoir la tête dans les nuages. Les heures passent et le plateau devient un véritable lieu d’apparitions. Et voici que pour finir, les personnages ont " perdu la tête ".
Une fois ce travail de recherche réalisé, Marco Pernich propose aux participants d’intégrer ce qu’ils ont appris lors des improvisations. Le premier thème est emprunté à Jacques Copeau. Il met en scène le médecin, le malade et la maladie. Les tons de la farce et de la comédie s’imposent. Le deuxième thème est emprunté à Eschyle. Clytemnestre accueille Agamemnon, son mari, à son retour de la guerre de Troie. L’amant de Clytemnestre, Egisthe, demi-frère d’Agamemnon, est là. Clytemnestre tue Agamemnon. Le ton est celui de la tragédie.
Le stage se conclue par une improvisation à douze personnages, sur une scène du Revizor de Gogol : l’arrivée de l’Inspecteur Général de Moscou dans une bourgade russe de province. Chaque acteur choisit le centre idiomatique de son personnage. L’ensemble donne un tableau d’une richesse et d’une diversité étonnante en caractères. On pense aux peintures d’Ilia Répine, peintre russe du XIXème siècle.
Tout au long du processus, Marco Pernich enrichit les exercices pratiques d’une réflexion théorique, d’aperçus sur l’histoire du théâtre et de sa pédagogie. C’est un aller-retour de grande qualité qui, à l’heure du bilan, sera nommé par les participants.
Le Créarc poursuit ainsi l’un de ses axes de travail : créer à Grenoble en collaboration avec les membres du Réseau du Jeune Théâtre Européen, une école de théâtre à dimension européenne.
Tariffs :
Unemployed people, students, RSA : 63€Employees : 78€
Besides the tariff of the inscription, an annual adhesion to Créarc is required : 12€